CHRONIQUE La mise à jour des compétences est souvent brandie comme une solution miracle, quitte à oublier l’importance de la formation initiale, avertit notre chroniqueuse
Au sein de la Fondation Qualife, «formation» est l’un des mots le plus souvent prononcés.
Quel projet de formation pour ce jeune homme de 21 ans qui a testé un certain nombre de voies sans jamais aller au bout? Quel programme de formation pour aider cette jeune adulte à réussir ses tests EVA et à décrocher une place d’apprentissage de médiamaticienne? Quand se termine la formation ECDL (European Certificate of Digital Literacy) pour cette assistante administrative de 54 ans qui n’a pas travaillé depuis trois ans et pour laquelle il faut rassurer les potentiels employeurs sur sa capacité à utiliser diverses applications informatiques avec assurance et efficacité?
Derrière le mot «formation» se cachent ainsi des thèmes aussi variés que formation professionnelle (apprentissage), remédiation scolaire ou formation continue. Si quelqu’un vous dit qu’il s’apprête à débuter une formation, vous avez ainsi à peu près 1 chance sur 500 de deviner ce qu’il est sur le point de faire. Que ce soit en termes de sujet ou de format, la diversité des formations est infinie.
Concept diffus
On pourrait alors se demander s’il est pertinent de prêter autant de pouvoirs à un concept aussi diffus. En effet, quand on parle employabilité (capacité à obtenir ou conserver un emploi), tout le monde semble s’accorder à dire que la solution tient dans la rigueur de se former tout au long de sa carrière.
Je ne crois pas que cela soit entièrement faux. Nous qui accompagnons des personnes de 50 ans et plus dans leur recherche d’emploi une fois leur droit au chômage échu, nous constatons à quel point beaucoup de personnes considéraient le fait d’être en emploi comme la preuve qu’ils étaient employables. Au moment de perdre ce dernier, ils n’ont pas imaginé un instant qu’ils puissent se retrouver, deux ans plus tard, toujours en recherche.
Et, régulièrement, on se rend compte d’un manque de formation continue: petit à petit, un décalage s’est créé entre les attentes du marché ou de la fonction, et ce que maîtrisait la personne en poste. L’employabilité se travaille tout au long de sa vie. Elle relève notamment de la responsabilité individuelle de s’assurer qu’on reste intéressant pour le marché, que le métier tel qu’on le pratique n’est pas en train de disparaître.
Une adéquation dès le départ
Il est en revanche aussi erroné que risqué de penser que l’employabilité ne concerne que la formation continue. Nous devons collectivement nous assurer que les formations initiales proposées aux jeunes répondent elles aussi aux besoins actuels du marché, et à ceux de demain. L’employabilité étant la capacité à obtenir puis conserver un emploi, l’adéquation entre formation initiale et besoins des entreprises est donc primordiale pour cette première étape.
En ce sens, notre attention doit se porter tant sur le contenu des formations que sur les conditions d’accès à ces dernières. A l’instar d’une maison, une carrière pérenne se construit sur des fondations solides. Il faut s’assurer que tous les jeunes aient accès à une formation initiale de qualité, malgré l’accompagnement que cela peut parfois nécessiter, plutôt que de s’évertuer plus tard à combler les lacunes qui engendrent une précarité dans l’emploi.
La formation représente-t-elle alors le remède miracle contre la perte d’employabilité? Peut-être bien. Mais attention alors à ce que l’intérêt pour la formation continue des adultes ne vienne pas occulter l’importance capitale de la formation des plus jeunes dans cette question centrale.