CHRONIQUE. Comment peut-on s’engager dans une formation de deux, trois, voire quatre ans sans avoir préalablement «testé» son métier? Notre chroniqueuse souligne l’importance des journées découverte et autres stages pour éviter tout choix inapproprié.
Je rédige cette chronique installée au restaurant Sur le Pont à Genève. Dans quelques minutes, je descendrai découvrir la «Vitrine des métiers du bâtiment», un outil de la Fédération genevoise des métiers du bâtiment (FMB) pour mettre en lumière la diversité des métiers de la construction. J’y accompagnerai des jeunes en recherche d’apprentissage suivis par la Fondation Qualife. Cette visite va-t-elle faire naître des vocations? Premiers éléments de réponse d’ici quelques heures, et vrai bilan d’ici quelques mois, lorsque les signatures d’apprentissage battront leur plein.
La notion de «rencontre» est un peu notre hymne au sein de notre fondation. Aujourd’hui, la rencontre entre un jeune et un métier. Demain, espérons, la rencontre entre un jeune et un futur employeur.
Sentir dans ses mains et ses tripes si le métier est fait pour nous
Comment peut-on s’engager dans une formation de deux, trois, voire quatre ans sans avoir préalablement rencontré son métier? Le descriptif trouvé sur internet suffit-il? La manière dont en parlent les parents ou les amis est-elle objective?
Pouvoir tester un métier, même quelques heures, est la meilleure manière de sentir dans ses mains et ses tripes si le métier est fait pour nous huit heures par jour, 5 jours sur 7, pendant un certain nombre d’années, pour ne pas dire un nombre d’années certain. Ce choix a tellement d’implications qu’on comprend qu’il soit si difficile à faire. «Construire un projet professionnel»: quatre mots pour résumer un travail titanesque. Un processus si long et complexe, qu’être accompagné est parfois nécessaire pour trouver sa voie et aller au bout.
En ce sens, les stages et autres «journées découverte» sont précieux. Mais pas seulement pour le jeune qui doit choisir pour quoi il va se lever chaque matin. Également pour l’employeur qui doit sélectionner son ou sa futur(e) apprenti(e). Parce que si la seule qualité du dossier de candidature garantissait quoi que ce soit, on ne parlerait pas de 38% de taux de rupture de contrat d’apprentissage à Genève.
Dépasser les a priori
Une fois de plus, la rencontre est au cœur de tout. Elle permet de dépasser ses a priori – sur un métier comme sur un candidat au parcours atypique – et de discuter à masque tombé sur ses réelles motivations et attentes.
Les motifs le plus souvent invoqués au moment d’une rupture de contrat sont un «choix inapproprié de la profession» et un «manquement de la personne en formation». Expérimenter le métier et tester le candidat avant toute signature est ainsi une excellente alternative. Bref, en un mot comme en cent: (re)donner sa place à la rencontre.
L’heure de la visite est arrivée. Finalement, le seul risque est qu’elle fasse naître une nouvelle vocation en moi. Situation qui serait pour le moins cocasse, mais qui impliquerait de raccrocher ma plume alors qu’il y a encore bien des choses que j’ai envie de partager avec vous au sujet de l’insertion professionnelle.