Apprentissage, trop vieux à 20 ans

CHRONIQUE. Trouver une place en entreprise pour effectuer une AFP ou un CFC s’avère difficile pour les adultes, regrette notre chroniqueuse. Ils ont pourtant des atouts susceptibles d’intéresser un employeur

Ahmed* a 20 ans, il vit en Suisse romande. Un contexte familial difficile l’a amené à prendre très tôt un rôle qui n’était pas le sien, ce qui l’a conduit à arrêter l’école secondaire. Une descente aux enfers dont il se serait bien passé, lui qui n’était qu’un adolescent. Aujourd’hui, sa situation s’est stabilisée et Ahmed s’investit pour construire un projet professionnel solide et trouver une place d’apprentissage. Mais ce passé lui colle à la peau et pénalise son dossier de candidature. Les recruteurs ont tendance à privilégier les beaux bulletins scolaires et les parcours linéaires.

Depuis quelques mois, il est accompagné dans ses démarches par la Fondation Qualife et suit notamment des cours de remise à niveau scolaire au sein du pôle formation. Il est motivé et satisfait de bénéficier d’une approche individualisée, et ses résultats s’améliorent très vite. Malgré cela, après des dizaines de postulations infructueuses, Ahmed se sent découragé. «A 20 ans, on est déjà trop vieux», résume-t-il.

En effet, dans l’inconscient collectif, on va au cycle puis on choisit la voie des études ou celle de l’apprentissage. On a donc 15 ans au moment de trouver sa place, pas 20 et encore moins 25.

Légalement, il n’existe pourtant aucune limite d’âge pour débuter un apprentissage. Or dans les faits, même l’Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC) freine les velléités de CFC ou d’AFP dès 24 ou 25 ans. Dans un récent article, cet office déplore que l’âge de début d’un apprentissage soit plus tardif à Genève qu’ailleurs.

Pourtant, à 20 ans, on a plein de choses à offrir dont on est dépourvu à 15 ans. Notamment l’expérience. Celle de la vie, et celle du marché du travail. Les jeunes adultes qui ont «galéré» durant leur adolescence sont celles et ceux qui savent pourquoi ils croient en l’apprentissage. Le métier visé n’est pas choisi pour faire plaisir aux parents ou pour faire comme les copains. Il est le choix éclairé et sûr de cinq ou dix années à se chercher, à apprendre à se connaître, à tester différentes voies.

Un fort engagement

Face à un parcours scolaire chaotique, on regrette d’abord l’inégalité des chances et la confiance en soi effritée. Puis, on agit pour réparer et compenser: des formateurs et formatrices travaillent quotidiennement pour cela. Ainsi, les entreprises qui engagent des apprenti·es ont tout intérêt à s’offrir le luxe d’un parcours scolaire difficile, mais compensé par l’expérience, et d’une plus grande maturité. Tous deux sont synonymes d’un bagage de vie qui est la garantie d’un engagement rarement rencontré chez les plus jeunes.

Or Abraham Lincoln n’a-t-il pas dit que «l’engagement est ce qui transforme une promesse en réalité»?

*Prénom d’emprunt

Lien à l’article sur le site du journal Le Temps

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